La présence de rongeurs dans une maison ou un local professionnel est une situation à prendre très au sérieux. Rats et souris peuvent causer des dégâts matériels importants, contaminer les denrées alimentaires et transmettre des maladies. Face à ce problème, certains propriétaires choisissent de réaliser eux-mêmes la dératisation plutôt que de faire appel à un professionnel.

Si cette option peut sembler économique au premier abord, elle comporte des risques. En effet, une dératisation « maison » mal conduite peut non seulement échouer, mais aussi aggraver l’infestation. Voici les erreurs les plus fréquentes à éviter lorsque l’on tente une dératisation DIY (Do It Yourself).

Sous-estimer l’ampleur de l’infestation

L’une des erreurs les plus répandues est de penser que la présence de quelques bruits nocturnes ou excréments isolés signifie qu’il n’y a que deux ou trois rongeurs à éliminer. En réalité, rats et souris se reproduisent très vite : une femelle souris peut avoir jusqu’à 10 portées par an, et une femelle rat brun jusqu’à 7.
Sans une inspection approfondie de l’ensemble du bâtiment (caves, greniers, cloisons, dépendances…), il est facile de passer à côté de plusieurs foyers d’infestation. Le résultat : les rongeurs continuent de proliférer malgré les efforts.

À retenir : avant toute action, il faut évaluer précisément la population de rongeurs et leurs zones d’activité. Cela permet de choisir la bonne méthode et de dimensionner correctement le dispositif.

Utiliser les mauvais produits ou équipements

Les produits de dératisation vendus en grande surface ne sont pas toujours adaptés à toutes les situations. Certains appâts sont trop faibles pour venir à bout d’une infestation avancée, ou mal formulés pour l’espèce visée.
De plus, certaines personnes utilisent des pièges ou poisons interdits ou dangereux, sans respecter les réglementations en vigueur. Cela peut présenter un risque pour les enfants, les animaux domestiques, et même l’environnement.

À retenir : choisir des produits homologués, adaptés à l’espèce (rat brun, rat noir ou souris domestique) et à l’environnement (intérieur, extérieur, zone alimentaire…). Lire attentivement les notices d’utilisation et respecter les dosages.

Placer les pièges ou appâts aux mauvais endroits

La localisation des dispositifs est essentielle. Beaucoup commettent l’erreur de placer les appâts au hasard, loin des zones de passage des rongeurs. Résultat : ils ne sont jamais consommés.
Les rongeurs circulent généralement le long des murs, près des zones sombres et abritées. Le rat brun reste souvent au sol, tandis que le rat noir préfère les hauteurs. Les souris, quant à elles, peuvent passer dans des interstices minuscules et se déplacent un peu partout.

À retenir : placer les pièges ou boîtes d’appâtage le long des murs, dans les coins, près des traces de grignotage ou des excréments. Adapter la hauteur et l’emplacement en fonction de l’espèce.

Négliger la sécurité lors de l’utilisation de produits rodenticides

Les poisons utilisés pour éliminer les rongeurs contiennent des substances toxiques qui peuvent être dangereuses pour les humains et les animaux non ciblés. Certains bricoleurs posent les appâts à découvert, exposant ainsi les enfants, chiens ou chats à un risque d’empoisonnement.
De plus, les résidus de produit peuvent contaminer les sols, les plans de travail ou les aliments s’ils sont mal manipulés.

À retenir : utiliser exclusivement des boîtes d’appâtage sécurisées, fermées à clé ou à clip, et conçues pour empêcher l’accès aux non-cibles. Porter des gants et se laver soigneusement les mains après manipulation.

Interrompre le traitement trop tôt

Un autre piège fréquent : arrêter la dératisation dès que l’on ne voit plus de rongeurs pendant quelques jours. En réalité, il peut rester des individus cachés, capables de relancer rapidement l’infestation.
Les rongeurs peuvent également développer une méfiance temporaire envers les pièges ou les appâts, avant de reprendre leur activité.

À retenir : maintenir le dispositif en place pendant plusieurs semaines, même après la disparition apparente des signes d’activité. Vérifier régulièrement les pièges, renouveler les appâts et continuer la surveillance.

Ne pas éliminer les causes de l’infestation

Une dératisation efficace ne se limite pas à tuer les rongeurs présents : il faut aussi supprimer les conditions qui favorisent leur venue. Trop souvent, les particuliers négligent le rangement, la propreté ou la réparation des accès.
Si la nourriture reste accessible (restes, croquettes, grains…), ou si les ouvertures ne sont pas colmatées, les rongeurs reviendront inévitablement.

À retenir : combiner l’élimination des nuisibles avec des mesures préventives :

  • Colmater fissures, trous et interstices.
  • Stocker la nourriture dans des contenants hermétiques.
  • Gérer les déchets dans des poubelles fermées.

Mal identifier l’espèce à traiter

Toutes les méthodes ne sont pas efficaces contre toutes les espèces. Par exemple, les habitudes alimentaires et de déplacement d’un rat brun sont très différentes de celles d’un rat noir. De même, les souris sont souvent plus faciles à piéger, mais nécessitent plus de points d’appâtage à cause de leur curiosité naturelle.
Sans identification précise, on risque de choisir la mauvaise stratégie et de perdre du temps.

À retenir : observer la taille des excréments, la localisation des dégâts, le type de bruit entendu et la disposition des nids. En cas de doute, prendre des photos et demander l’avis d’un professionnel.

Utiliser des méthodes inefficaces ou obsolètes

Certaines techniques anciennes, comme les répulsifs ultrasoniques bon marché ou certains produits odorants, n’ont qu’une efficacité limitée voire nulle. Elles peuvent donner un faux sentiment de sécurité et retarder la mise en place d’une méthode réellement efficace.

À retenir : se renseigner sur les solutions validées scientifiquement, éviter les gadgets non testés et se fier aux recommandations d’experts.

Manipuler les rongeurs morts sans précautions

Lorsqu’un rongeur meurt dans un piège ou après ingestion d’un poison, il peut rester porteur de bactéries et parasites dangereux. Le manipuler à mains nues ou le jeter avec les ordures ménagères sans protection expose à un risque sanitaire.

À retenir : toujours porter des gants jetables, placer les cadavres dans un sac hermétique et les jeter conformément aux règles locales. Désinfecter ensuite la zone avec un produit adapté.

Ne pas envisager l’intervention d’un professionnel au bon moment

L’erreur la plus coûteuse est souvent d’attendre trop longtemps avant de faire appel à un dératiseur. Plus l’infestation est avancée, plus elle devient difficile et coûteuse à traiter. Une colonie bien installée peut endommager gravement un bâtiment et mettre en danger la santé des occupants.

À retenir : si après deux à trois semaines de traitement DIY il n’y a pas de résultat clair, il est préférable de confier la mission à un professionnel. Celui-ci dispose d’outils, de produits et d’une expertise permettant de régler durablement le problème.

Les points à retenir

La dératisation DIY peut sembler séduisante pour économiser sur le budget, mais elle comporte de nombreux pièges. Les erreurs les plus courantes concernent une mauvaise évaluation du problème, un choix inadapté de produits, une application hasardeuse et un manque de prévention.
Pour maximiser ses chances de succès, il faut :

  • Identifier précisément l’espèce.
  • Utiliser des produits homologués et sécurisés.
  • Placer les dispositifs aux bons endroits.
  • Maintenir le traitement assez longtemps.
  • Éliminer les causes de l’infestation.

Et surtout, rester conscient que certaines situations nécessitent l’intervention d’un dératiseur professionnel, capable de traiter rapidement et efficacement, tout en limitant les risques sanitaires et matériels.